Le blasph¨¨me, pomme de discorde unificatrice du Pakistan
Entretien réalisé par Xavier Sartre ¨C Cité du Vatican
L¡¯ambassadeur de France au Pakistan ne rentrera pas à Paris précipitamment. L¡¯Assemblée nationale pakistanaise a décidé vendredi 23 avril de reporter sine die le débat prévu sur l¡¯opportunité de son expulsion, en représailles aux propos du président français qui avait défendu en octobre dernier, après l¡¯assassinat du professeur Samuel Paty, le droit de caricaturer, notamment le Prophète.
Depuis l¡¯automne dernier, le TLP, parti islamiste, met la pression sur le gouvernement pakistanais sur cette question. L¡¯exécutif, dominé par le PTI du Premier ministre Imran Khan, n¡¯a eu de cesse de temporiser. Face à une nouvelle vague de protestations violentes dans la rue, le parti au pouvoir a décidé de placer le débat au sein du Parlement.
Un élément fédérateur
Cette question du blasphème est «extrêmement importante au Pakistan», insiste Georges Lefeuvre, chercheur associé à l¡¯Iris. Le pays a été créé sur «la théorie des deux nations», c¡¯est-à-dire «la nation musulmane qui se sépare de la nation hindoue», précise-t-il, évoquant la partition de l¡¯empire britannique des Indes en 1947. Or, «l¡¯islam a toujours eu du mal à être le ferment de la nation», le Pakistan n¡¯étant pas homogène du point de vue de la population, divisée en deux grands groupes, l¡¯un à l¡¯est de l¡¯Indus, de culture indienne, l¡¯autre à l¡¯ouest du fleuve, de culture davantage iranienne. Dans ce contexte, outre la question du Cachemire agitée régulièrement pour souder le peuple, la loi sur le blasphème sert de facteur d¡¯unité.
Sur cette question, Imran Khan se trouve débordé. Cet ancien joueur de cricket, considéré comme un jet-setteur, a toujours dû donner des gages aux conservateurs pour assurer sa présence dans l¡¯arène politique. Ne pas considérer le mécontentement provoqué par les propos du président français eut été impossible du point de vue politique.
Mais la question aujourd¡¯hui n¡¯est plus tant le sort de l¡¯ambassadeur de France, estime Georges Lefeuvre. «C¡¯est une question beaucoup plus fondamentale» qui est posée: «comment vivre la modernité et assurer le respect de la sainteté du Prophète qui ne peut pas être insultée».
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