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Les forces s¨¦curitaires quadrillent Bagdad le 3 mars 2021 avant la venue du Pape Fran?ois dans le pays. Les forces s¨¦curitaires quadrillent Bagdad le 3 mars 2021 avant la venue du Pape Fran?ois dans le pays.  

L¡¯Irak toujours en qu¨ºte de stabilit¨¦ politique et s¨¦curitaire

Apr¨¨s plusieurs d¨¦cennies de guerre et de ch?mage end¨¦mique, le contexte politique, ¨¦conomique et s¨¦curitaire du pays des deux fleuves demeure fragile et complexe. Le Pape Fran?ois visitera une terre encore meurtrie par l¡¯occupation djihadiste, menac¨¦e d'un retour en force.

Entretien réalisé par Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican

Offensive militaire turque au nord, déploiement de milices au sud et au centre, retour en force du groupe État islamique et conflit ouvert entre Erbil et Bagdad¡­ La situation sécuritaire irakienne est de plus en plus complexe, et le pays risque de glisser vers la guerre civile contre laquelle l¡¯ayatollah Ali Al-Sistani ne cesse de prévenir chaque vendredi.

Des milices, substituts d¡¯État

Pourquoi? Car dans cet Irak, répond le chercheur associé à l¡¯IFRI, Adel Bakawan, sévissent 63 organisations miliciennes lourdement armées. «175 000 combattants répartis sur trois écoles miliciennes», une véritable «milicisation» de la société et de l¡¯État irakien, regrette ce directeur de recherche à l¡¯IREMMO (Institut de recherche et d¡¯études Méditerrannée Moyen-Orient). Face à cela, le gouvernement semble désarmé, également sur le plan social. Les revendications du mouvement de manifestations de 2019-2020 n¡¯ayant, estime t-il, pas été prises en compte à ce jour. De Bagdad à Bassorah, la contestation semble endormie par la crise sanitaire, mais risque de se réveiller à l¡¯automne, avant la présidentielle d¡¯octobre. 

 

Une marginalisation sunnite qui renforce Daech

Quant à l¡¯influence persistante du groupe État islamique qui continue ses attaques meurtrières dans le pays, elle reflète, selon Adel Bakawan, la détresse d¡¯une grande partie des sunnites marginalisés en Irak depuis 2003. L¡¯État irakien a depuis mis en place une «désunnification», malgré une contribution de la base sociale des sunnites à combattre l¡¯EI en 2017. «Leur réinsertion n¡¯est pas organisée», observe le chercheur, aggravant un contexte social dramatique.   

Des confessions et ethnies fracturées

Infrastructures, routes, hôpitaux, écoles, manquent toujours à l¡¯appel. La reconstruction n¡¯a pas encore véritablement démarrée. «À Mossoul en ruines, l¡¯odeur des cadavres se fait encore sentir. Un Mossoul en ruines semblable à Berlin 1945», se désole le sociologue franco-irakien, qui constate la dégradation concomitante de la mixité. «L¡¯on trouve rarement un quartier mixte dans la capitale, pourtant historiquement réputée pour cela depuis des siècles.»

Le Saint-Père se rend donc dans un pays mosaïque, profondément divisé entre chiites, sunnites, kurdes, et entre chiites-mêmes par les pro-iraniens, les nationalistes, les libéraux, ou entre sunnites, où le défi du dialogue et de la restauration de la confiance entre les différentes communautés est prioritaire.

Entretien avec Adel Bakawan, chercheur à l'IFRI

 

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03 mars 2021, 13:00