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Sc¨¨nes de r¨¦volte le 16 novembre en Iran ¨¤ T¨¦h¨¦ran Sc¨¨nes de r¨¦volte le 16 novembre en Iran ¨¤ T¨¦h¨¦ran 

La col¨¨re et la frustation des Iraniens r¨¦prim¨¦es

La contestation est violemment combattue par le gouvernement iranien. Plusieurs sources ¨¦voquent des dizaines de morts ¨¤ travers le pays. Les communications internet sont toujours coup¨¦es. Ce mouvement de col¨¨re est le signe d¡¯un ras-le-bol des plus pauvres devant une situation ¨¦conomique de plus en plus difficile.

Entretien réalisé par Xavier Sartre ¨C Cité du Vatican

«Nous avons repoussé l¡¯ennemi (¡­) au cours des derniers jours» a déclaré ce mercredi matin le guide suprême de la République islamique d¡¯Iran, l¡¯ayatollah Ali Khamenei. Il a affirmé que les troubles de ces derniers jours n¡¯étaient pas le résultat d¡¯un mouvement populaire.

Pourtant, la colère a éclaté de manière spontanée à travers tout le pays après l¡¯annonce vendredi 15 novembre d¡¯une augmentation de 300 % des prix de l¡¯essence. Dans la foulée, des émeutes éclatent dans plusieurs villes, les forces de l¡¯ordre étant pris à partie, des banques incendiées ainsi que d¡¯autres bâtiments. La répression ne se fait pas attendre. Même si internet est coupé et isole l¡¯Iran, les informations filtrent. Amnesty International parle d¡¯une centaine de morts, l¡¯ONU de plusieurs dizaines.

Une économie en lambeaux

Avec sa décision d¡¯augmenter les prix des carburants, le gouvernement iranien poursuivait plusieurs objectifs selon Thierry Covillle, chercheur à l¡¯Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS) de Paris et spécialiste de l¡¯Iran. Tout d¡¯abord, retrouver une marge de man?uvre financière afin de redistribuer des fonds aux ménages les plus pauvres. Ensuite, lutter contre la contrebande : l¡¯essence étant très subventionné, et les prix bas, plusieurs millions de barils sont détournés vers les pays voisins où l¡¯essence est plus cher. Parallèlement, les autorités espéraient réduire la consommation interne d¡¯essence afin d¡¯en exporter davantage et obtenir ainsi plus d¡¯argent.

À l¡¯origine de ce besoin de liquidité, il y a aussi, explique Thierry Coville, une situation financière et économique désastreuse : récession de 9 %, inflation de 40% sur l¡¯année. Bien peu de sociétés resteraient impassibles devant un tel tableau. La société iranienne se paupérise de plus en plus et la décision d¡¯augmenter les prix à la pompe a fait éclater la colère des Iraniens.

Effet des sanctions américaines

La cause principale de cette déroute économique est la politique américaine de sanctions décidées par Donald Trump. L¡¯Iran n¡¯est plus en mesure de vendre son pétrole comme il le faisait auparavant. Le pétrole représentant 80 % des exportations du pays, et au moins 40 % de ses revenus, le manque à gagner pour le gouvernement est conséquent.

La stratégie américaine d¡¯étouffer le pays parait ainsi fonctionner. Mais pour Thierry Coville, au regard des objectifs politiques énoncés par la diplomatie américaine, ces sanctions sont peu efficaces : le régime poursuit son action dans tout le Proche et Moyen-Orient, reprend son programme nucléaire qu¡¯il avait abandonné après la signature de l¡¯Accord de Vienne, et le régime est toujours en place.

Entretien avec Thierry Coville

 

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20 novembre 2019, 08:26