La paix toujours aussi lointaine en Syrie
Entretien réalisé par Manuella Affejee- Cité du Vatican
La province d¡¯Idleb, vaste zone située dans le nord-ouest de la Syrie, est la dernière du pays à échapper complètement aux forces de Bachar Al-Assad ; elle est aujourd¡¯hui majoritairement contrôlée par des groupes jihadistes affiliés à Al-Qaïda. Sa reprise constitue un enjeu majeur pour le régime de Damas qui s¡¯est employé au gré de ses victoires militaires, -à Alep, à Deraa, ou dans la Ghouta-, à y transférer indistinctement populations civiles, rebelles et jihadistes. L¡¯objectif avoué étant ensuite de mener une ultime offensive sur ce territoire et parachever la reconquête totale.
Depuis plusieurs mois désormais, l¡¯armée syrienne et ses alliés russes s¡¯adonnent ainsi à des frappes aériennes massives sur Idleb, et cela, malgré la présence de plus de 2 millions de civils, pris au piège des combats. Devant un déluge de feu quasi-quotidien, qui n¡¯épargne pas les structures médicales et sanitaires, des centaines de milliers d¡¯hommes, de femmes et d¡¯enfants ont fui pour gagner les zones contrôlées par les forces gouvernementales. La situation humanitaire, en constante détérioration, a fait réagir, à maintes reprises déjà, les Nations unies ainsi que les ONG opérant sur le terrain. S¡¯étant récemment rendu dans deux villages chrétiens situés sur la ligne de front, Vincent Gelot, chef de projet à l¡¯?uvre d¡¯Orient pour le Liban, la Syrie et la Jordanie, a pu lui-même constater l¡¯intensification des combats et la fuite éperdue des populations civiles.
Lent et difficile retour à la normale
La situation sécuritaire semble s¡¯être stabilisée dans le reste du pays, nonobstant quelques poches de résistance tenue par les jihadistes de l¡¯État islamique. La disparition du califat auto-proclamé et de son assise territoriale n¡¯a pas signé pour autant la fin de l¡¯idéologie qui l¡¯a porté, et qui d¡¯ailleurs lui préexistait. «Ça va laisser des traces dans les décennies à venir, c¡¯est certain», note pour sa part Vincent Gelot.
Le chef de projet attire en outre l¡¯attention sur le contexte économique calamiteux du pays. Il pointe la très forte dévaluation de la monnaie, les pénuries de fioul et de gaz, la fermeture des industries, l¡¯absence de services publics, la destruction de villes entières, réduites encore aujourd¡¯hui à l¡¯état de ruines et de gravats et vidées de toute présence humaine. «Les Syriens, tout bord confondu, sont à bout de souffle», observe-t-il. Et l¡¯embargo imposé par les occidentaux, dont la France, assombrit encore un peu plus cet inquiétant tableau.
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