Moreau-Defarges: ?Il y a une r¨¦action mais aucune strat¨¦gie occidentale en Syrie?
Entretien réalisé par Delphine Allaire ¨C Cité du Vatican
Intervenues dans la nuit de vendredi à samedi, les frappes punitives conduites par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni déclenchées par l¡¯escalade chimique syrienne mèneront-elles à l¡¯escalade militaire?
L¡¯impasse politique et juridique
«Il faut minimiser la portée de ces frappes. Elles sont limitées et ponctuelles», assure Philippe Moreau-Defarges, spécialiste des relations internationales et chercheur à l¡¯IFRI.
Selon le politologue, l'action militaire coordonnée des trois pays alliés n¡¯est «qu¡¯une réaction» et ne comporte «aucune stratégie» à long-terme. En effet, les trois alliés sont dans une impasse, toute solution politique, visant à faire partir Bachar Al-Assad du pouvoir, se retrouvant bloquée par la Russie ou par la Chine au Conseil de sécurité de l¡¯Onu.
Ce n?ud politique freiné par le cadre juridique onusien à séparer du droit de la guerre, n¡¯empêche toutefois pas l¡¯action légitime d¡¯un État, juge Philippe Moreau-Defarges.
Ambiguïté turque, prudence iranienne et réjouissances chinoises
Quant aux autres acteurs internationaux, le théâtre diplomatique a repris ses quartiers, chacun faisant valoir ses intérêts propres. L¡¯ambiguïté d¡¯Erdogan, qui salue les frappes tout en participant au processus d¡¯Astana aux côtés des Iraniens et des Russes, se comporte là en «maître chanteur», estime Philippe Moreau-Defarges.
L¡¯Iran, paralysée par ses soucis internes et le dossier nucléaire, préfère jouer la prudence en restant effacée de chacune des parties. En prônant un retour à une solution politique plutôt que la force, la Chine, elle, qui siège aussi au Conseil de sécurité de l¡¯Onu, souhaite montrer aux Occidentaux «que leur règne est terminé», déduit le politologue.
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