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Vatican News avec Jean-Paul Niyigena - Kigali

Le Rwanda va organiser son premier congrès national de l’éducation catholique en mai 2026. Les travaux de préparation ont été lancés le 26 août 2025 par le cardinal Antoine Kambanda, archevêque de Kigali, président de la Conférence épiscopale du Rwanda et président de la Commission pour les Relations avec les Conférences épiscopales et les Congrégations religieuses pour le Pacte éducatif africain. Étaient présents à ce lancement le secrétaire général de la conférence épiscopale, les secrétaires généraux des commissions Justice et Paix, de la jeunesse, de la famille, des jeunes mais aussi les représentants diocésains de l’enseignement catholiques, le coordinateur national du Pacte éducatif africain, les représentants des congrégations religieuses engagées dans l’enseignement catholique, le représentant de l’enseignement supérieur et universitaire catholique au Rwanda ainsi que le coordinateur de l’Institut Pacte Éducatif Africain.

Le Pacte Éducatif, une réponse aux crises mondiales

L’archevêque de Kigali a d'abord présenté la vision du Pacte éducatif global, précieux héritage du Pape François: «Dans un monde traversé par des crises profondes, ce pacte propose une vision capable de préparer les nouvelles générations à relever les défis de la fraternité, du bien commun, de la dignité humaine, de la solidarité et de la sauvegarde de la création».

En Afrique, la réception de ce pacte s’est concrétisée par plusieurs rencontres au Rwanda, au Cameroun, en République démocratique du Congo et en Côte d’Ivoire. Selon le cardinal Kambanda, «depuis son approbation par le Pape François le 1er juin 2023, le Pacte éducatif africain est devenu un document de référence pour l’Église en Afrique, offrant des orientations adaptées aux réalités du continent». Il trace la voie d’une éducation catholique capable de bâtir une Afrique prospère, juste, respectueuse de l’environnement et promotrice de paix.

L’école catholique face aux défis du Rwanda

Le Rwanda, dont 70 % de la population est composée d’enfants et de jeunes, compte plus de 1.375 établissements catholiques accueillant des élèves de tous horizons. L’école catholique y joue un rôle essentiel dans la réconciliation nationale, le développement et la promotion des valeurs évangéliques, dans un pays encore marqué par le génocide rwandais et des conflits régionaux.

Cependant, les défis restent nombreux. Le cardinal en a énuméré quelques-uns: «baisse de la qualité de l’enseignement, augmentation exponentielle des écoles privées favorisant l’élitisme et l’exclusion, inégalités d’accès à une éducation de qualité pour les familles modestes». Il a également souligné l’absence d’un accord-cadre actualisé entre l’État et l’Église– le dernier datant de 1987– ce qui limite parfois l’autonomie de l’école catholique dans la gestion des enseignants, des programmes ou encore du cours de religion.

Une réputation solide, mais une mission à lutter contre l’élitisme

Le cardinal a en outre souligné que «les écoles catholiques sont reconnues pour leur discipline et la qualité de leur formation. Dans un contexte marqué par les effets de la mondialisation, l’individualisme et l’addiction des jeunes aux substances illicites, elles demeurent pour beaucoup de familles un repère sûr». Il a surtout ajouté que l’État continue de solliciter l’Église pour lui confier la gestion de certaines écoles publiques connaissant des problèmes d’indiscipline et de moralité.

Mais, selon le cardinal Kambanda, «l’avenir de l’école catholique dépend de sa capacité à traduire concrètement les valeurs évangéliques en pratiques pédagogiques. Son projet éducatif place chaque enfant au centre et refuse toute logique élitiste: l’excellence doit aller de pair avec la miséricorde et le vivre-ensemble». Le congrès national devra donc réfléchir à la place des enfants défavorisés dans les établissements privés et subventionnés catholiques, conformément au Pacte éducatif africain.

Vers une éducation intégrale et partagée

Loin de se limiter à la transmission des savoirs, l’éducation catholique, dans l’esprit de Gravissimum Educationis (concile Vatican II), promeut une formation intégrale: spirituelle, morale, sociale et humaine. Le Pape François insiste sur une approche collective: «Pour éduquer un enfant, il faut tout un village», disait-il en reprenant le proverbe africain.

Le comité de préparation du congrès réunit les acteurs de l’éducation catholique au Rwanda: commissions de la famille, de la jeunesse, de la Caritas, de l’enseignement, de Justice et Paix, l’Université catholique du Rwanda, etc. Cela permet de décloisonner l’éducation pour ne pas la laisser seulement aux acteurs scolaires. À la délégation qui lui avait remis le Pacte éducatif africain, le Pape François avait souligné que les acteurs de l’éducation sont appelés à travailler en ch?ur, en synergie et en synodalité afin de relever les défis actuels de l’Afrique et du monde.

Le président de la Conférence épiscopale du Rwanda a demandé à la commission chargée de préparer le tout premier congrès de l’éducation catholique, présidée par le coordinateur national du Pacte éducatif africain, l’abbé Alfred Rutagengwa, de fédérer toutes les forces de l’Églises engagées dans l’éducation et d’écouter leurs aspirations. Le congrès se préparera en plusieurs étapes: préparation des questionnaires, récolte et analyse des résultats des questionnaires qui seront distribués aux protagonistes de l’éducation catholique (parents, étudiants, enseignants, directions des écoles, congrégations religieuses, paroisses, diocèses et autres partenaires étatiques); la tenue proprement dite du congrès en mai 2026 auquel participeront toutes les composantes de l’Église famille de Dieu au Rwanda. Les grandes missions et autres résolutions qui en sortiront feront l’objet d’une vulgarisation et de formations pour un renouveau au sein de l’école catholique du Rwanda.

Une dynamique continentale

Avec l’appui du Secrétariat de l’enseignement catholique de Belgique francophone, l’Institut du Pacte éducatif africain soutient les conférences épiscopales du continent dans la mise en ?uvre du pacte selon leurs contextes locaux. Le congrès national au Rwanda rassemblera ainsi les acteurs de l’éducation et les représentants des Églises s?urs de la région des Grands Lacs et au-delà.