20 ans apr¨¨s sa mort, le charisme toujours vivant de fr¨¨re Roger
Olivier Bonnel - Cité du Vatican
Ce samedi soir 16 août, la communauté de Taizé (Saône-et-Loire) organise une soirée exceptionnelle en hommage à Frère Roger Schutz, le fondateur de la communauté ?cuménique. Quatre témoignages seront partagés pour revenir sur la figure de celui dont la communauté qu'il fonda en Bourgogne était «un petit printemps» pour l'Église selon le Pape Jean XXIII. Le souvenir de la mort de frère Roger est douloureux. Le 16 août 2005, alors que la prière du soir s'achève, il est tué à l'arme blanche par une déséquilibrée d'origine roumaine, Luminita Solcan. L'onde de choc est mondiale, en particulier chez de nombreux jeunes qui participent au même moment aux JMJ de Cologne.
En frère Roger, c'est une figure de paix et de réconciliation qui s'en va brutalement. «Chez lui il y avait cet accueil inconditionnel que l¡¯on vit dans la prière commune, cette façon de vivre une prière contemplative où chacun peut trouver sa place», explique Frère Matthew, prieur de la communauté de Taizé depuis fin 2023, et qui doit témoigner ce samedi soir. «Son héritage se caractérise aussi par la recherche de l¡¯unité entre tous ceux qui aiment le Christ, malgré les divisions dans l¡¯Église, et bien-sûr ce désir de paix, qui était très fort chez lui au sortir de la Seconde guerre mondiale», précise le prieur de Taizé.
Une ?uvre de réconciliation
La réconciliation et le besoin de servir les plus pauvres et démunis seront des règles de vie qui présideront à l'arrivée de Roger Schutz dans le village bourguignon dès 1940, accompagné de sa s?ur, et qui sera au c?ur du projet de la communauté de Taizé, fondée en 1949, alors que les stigmates de la guerre sont encore profonds. «Je pense beaucoup à ce qu¡¯il a vécu à son arrivée à Taizé, témoigne frère Matthew, il était tout seul et avait accueilli des réfugiés politiques, des Juifs, puis des prisonniers de guerre allemands pour Noël 1944. Cette quête de paix et de réconciliation, cette façon de ne pas diaboliser tout un peuple, c¡¯est très fort. Ce que frère Roger nous enseigne encore c¡¯est que nous devons être proches de ceux qui souffrent, mais aussi des personnes de bonne volonté».
Sous l'impulsion de frère Roger, la communauté de Taizé ne va cesser de grandir, accueillant protestants, catholiques et orthodoxes dans une même volonté de vivre l'unité dans le Christ. Protestant vaudois, frère Roger sera suivi par frère Aloïs, catholique bavarois, à la tête de la communauté, qui lui-même passera la main à Andrew Thorpe, frère Matthew, anglican britannique. La vie communautaire et les prières des frères de Taizé attirent des jeunes du monde entier lors des "pèlerinages de la confiance", chaque année organisés dans une ville européenne différente.
La solidarité concrète dans un monde fracturé
20 ans après son assassinat, frère Roger a encore beaucoup à dire, pas seulement auprès de ces jeunes. Il est une figure de courage face aux murs de la division. «Une des choses qui m'a le plus frappé remonte à quand j¡¯étais bénévole à Taizé, se remémore frère Matthew, il avait disparu, personne ne savait où il était allé et on avait appris qu'il s'était rendu à Berlin-Est». Lors de la veillée de prière et d'hommage de ce 16 août, une hongroise doit témoigner de la venue du religieux suisse à Budapest durant le communisme. Il avait interdiction de témoigner, mais avait juste salué les gens en disant «le Christ est ressuscité».
«On passe à Taizé comme on passe près d¡¯une source», lança Jean-Paul II lors de sa visite en 1986. «Aujourd¡¯hui, frère Roger chercherait à consoler ceux qui sont dans la tristesse, mais aussi à chercher des signes concrets de solidarité», explique encore frère Matthew. Ces dernières années, des frères de la communauté se sont rendus en Ukraine, au Liban et en Cisjordanie, dans des terres qui n'aspirent qu'à la paix.
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