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Vatican News avec Juste Hlannon – Cotonou

«Quand j’ai pris ma retraite, des confrères prêtres m’ont dit:‘‘il faut que tu nous dises, avant de partir, comment tu as vécu ton sacerdoce’’». C’est cette demande qui a inspiré Mgr Ganyé - ancien évêque de Dassa-Zoumé de 1995 à 2010, puis archevêque de Cotonou de 2010 à 2016 - à publier les trois livres: Le choix de Dieu: Un chemin de sainteté; Suivre le Christ: Mystères de notre foi; Le chrétien dans la cité: Un témoin.

«Souvenez-vous toujours de ce beau jour de votre ordination»  

Le premier livre, Le choix de Dieu: Un chemin de sainteté, se décline essentiellement en trois parties «grandeur de l’Eucharistie et du sacerdoce», «beauté et mission de l’âme consacrée» et «identité du prêtre». La première partie est composée d’homélies données à l’occasion d’ordinations sacerdotales et de messes chrismales. L’évêque y exprime, à diverses occasions, sa définition du sacerdoce ministériel. «Le sacerdoce n’est pas une institution humaine mais divine» qui, n’étant pas «un signe de richesse matérielle», ne constitue nullement une occasion pour s’enrichir. Le sacerdoce, écrit-il, n’est pas «un refuge de profiteurs». La sacralité du sacerdoce amène Mgr Ganyé à prodiguer aux prêtres le conseil ci-après: «souvenez-vous toujours de ce beau jour de votre ordination qui a mobilisé tout un peuple de Dieu pour ne pas traîner votre sacerdoce dans la boue de l’infidélité, de l’immoralité, de la médiocrité (…) et devenez homme de prière». Car, ajoute-t-il, c’est dans l’Eucharistie que le prêtre puise sa force.

La deuxième partie, elle, se rapporte aux homélies données lors des ordinations diaconales et des professions religieuses. Mgr Ganyé y affirme que «les âmes consacrées sont l’espérance de l’Église et des structures ecclésiales». En conséquence, souligne-t-il, «le religieux d’aujourd’hui doit être un modèle de sainteté pour les hommes de ce siècle, un modèle d’union au Christ, un exemple qui actualise l’incarnation du Christ au c?ur du monde».

La troisième partie, «Identité du prêtre», présente le prêtre à la fois comme un «mis à part pour Dieu seul», un «signe de Dieu au milieu de son peuple» et un «envoyé au monde sans être du monde». «Je voudrais que le zèle apostolique vous dévore et fasse de vous des prêtres toujours prêts à partir à la recherche des âmes où qu’elles soient», exhorte le prélat.

«Le miracle n’est pas un indicateur fiable de présence divine»

Le deuxième livre, Suivre le Christ: Mystère de notre foi, comporte trois parties: «dessein du salut», «économie sacramentelle» et «configuration au Christ». Elle regroupe des homélies données au cours de pèlerinages, messes de Noël et Pâques. Dans la première partie, Mgr Ganyé présente la Nativité du Christ comme «l’impossible rendu possible, l’inespéré devenu réel: Dieu fait homme pour le Salut apporté et donné à tout homme». Il se prononce aussi, dans cette partie, sur les miracles qui drainent de plus en plus de monde en Afrique. «Le miracle n’est pas un indicateur fiable de présence divine ou de vérité», fait remarquer Mgr Ganyé, soulignant que «le diable  peut l’utiliser comme preuve de puissance pour détourner les hommes de la foi authentique».

La deuxième partie se focalise sur les sacrements. Sur le sens du baptême, par exemple, l’auteur explique que «dans le bain du baptême, Jésus nous régénère en faisant de nous fils de Dieu». Dans la troisième partie, l'auteur dénonce «l'actuelle course pour les sacramentaux et le merveilleux», signe qui démontre à bien des égards, un «rapport utilitariste à la foi». Cela aboutit aux «phénomènes d’abandon de la foi, d’apostasie et d’hérésie qui continuent de faire des ravages chez nous». En pareil contexte, l’évêque estime que «la catéchèse, apprise par c?ur dans l’unique but de recevoir les sacrements, est insuffisante».

«L’Afrique a besoin de rester fidèle à elle-même»

Enfin, le troisième livre, Le chrétien dans la cité: Un témoin, donne à lire des textes aux accents socio-politiques. Dans un premier temps, Mgr Ganyé constate que «la famille est menacée» et, «parmi les causes, il y a le principe de la libre détermination absolue de l’individu comme paradigme mondial du progrès». Face à cette situation, que faire? Mgr Ganyé est sans équivoque: «L’Afrique, pour ne pas se dénaturer, a besoin de rester fidèle à elle-même et ne pas se laisser bafouer sur sa propre terre». Et de poursuivre, «la fidélité à ses valeurs culturelles relatives à la famille donnera à l’Afrique, la chance de ne pas s’embourber dans les déviances qu’occasionne une vie dépourvue de toutes racines familiales et sociales».

Ensuite, l’auteur constate que «notre monde est devenu un grand champ de combat pour la puissance et la force». Face à ces conflits vifs dans certaines contrées africaines, et souvent causées par des rivalités Nord-Sud, Mgr Ganyé propose le dialogue social et la solidarité entre les régions: «Le dialogue social aidera à la disparition du mythe Nord-Sud». Selon l’évêque, une juste répartition des biens et services dans les régions permettrait de prévenir les crises en Afrique. «La paix, estime-t-il, s’acquiert par des balises et des principes parmi lesquels se trouve l’aide mutuelle. Que le Sud aide le Nord et que Nord aide le Sud. Voilà la politique que nous devons mener».