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Une maison br?l¨¦e apr¨¨s une attaque dans l'?tat de Kaduna, au Nig¨¦ria (2022). Une maison br?l¨¦e apr¨¨s une attaque dans l'?tat de Kaduna, au Nig¨¦ria (2022). 

Au Nigeria ?la peur est aussi forte que la mort?, estime l¡¯¨¦v¨ºque du dioc¨¨se d'Auchi

Dans un entretien accord¨¦ aux m¨¦dias du Vatican, Mgr Gabriel Dunia revient sur la violence permanente dans le pays. ?Alors que les communaut¨¦s locales continuent d'¨ºtre confront¨¦es ¨¤ un cycle r¨¦p¨¦titif de violence et ¨¤ des d¨¦placements incessants, je lance un appel ¨¤ la paix et au soutien international?, a-t-il d¨¦clar¨¦.

Francesca Merlo - Cité du Vatican

La montée de la violence au Nigeria est une source de préoccupation depuis de nombreuses années. Des groupes armés attaquent des villages et des maisons, kidnappent et souvent tuent des personnes. Parfois, à l¡¯origine de ces attaques des différences religieuses ou ethniques, dans d'autres cas par contre, il semble n'y avoir aucun motif derrière ces actes «insensés».

La proximité du Pape

Le Pape Léon XIV avait récemment prié pour le peuple nigérian lors de l'Angélus du dimanche 15 juin. Peu après que 200 personnes ont été tuées lors d'une attaque brutale dans l'État de Benue, le Pape avait alors élevé une prière pour «la sécurité, la justice et la paix» au Nigeria, ajoutant qu'il pensait en particulier aux «communautés chrétiennes rurales de l'État de Benue qui ont été les victimes permanentes de la violence».

Mgr Gabriel Dunia, évêque du diocèse d'Auchi, a salué le récent appel de Léon XIV à mettre fin à la violence dans le pays. Il l'a décrit comme un signe clair que «les gens se sentent concernés» et que les Nigérians ne sont pas seuls à souffrir. L'évêque a expliqué qu'il n'y avait pas d'explication unique à la violence. «Certains pensent qu'elle est ethnique, d'autres qu'elle est religieuse ou qu'il s'agit de s'approprier des terres. Ce qui est clair, c'est qu'ils utilisent l'argent des rançons pour financer ce qu'ils préparent», a-t-il déclaré.

Attaques constantes

S'exprimant sur la situation dans son diocèse lors d'une visite au Vatican, l'évêque a décrit un climat d'insécurité marqué par des attaques fréquentes et imprévisibles. «Les bandits, souvent sont partout», a-t-il affirmé. «Ils attaquent sur les terres agricoles, sur les routes et même à l'intérieur des maisons. Les gens sont emmenés dans la brousse. Certains sont tués. D'autres sont libérés après le versement d'une rançon, même par des familles qui ont du mal à se nourrir», a ajouté Mgr Gabriel Dunia. Les attaques elles-mêmes sont souvent d'une extrême brutalité. Les survivants parlent de maisons incendiées au milieu de la nuit, de familles entières tuées dans leur sommeil, de femmes et d'enfants pris en otage. Les villages sont rasés, les récoltes détruites et le bétail volé, laissant les survivants sans rien.

Une vue aérienne montre des maisons brûlées dans l'État de Kaduna (2019).
Une vue aérienne montre des maisons brûlées dans l'État de Kaduna (2019).   (AFP or licensors)

Souvent, «les assaillants arrivent à moto, lourdement armés et vêtus d'uniformes de style militaire, ce qui rend difficile de les distinguer des véritables forces de sécurité». Ces attaques, a precisé Mgr Dunia, «ne sont pas le fruit du hasard», mais plutôt «des actes de terreur méthodiques destinés à effacer des communautés et à semer la peur». L¡¯évêque s'est également inquiété de l'influence de Boko Haram. «Certains de ceux que l'on dit repentis ont infiltré les forces de sécurité. Nous ne pouvons pas croire que les personnes envoyées pour nous protéger ne sont pas impliquées dans ces attaques», a-t-il déploré. «La peur, a-t-il encore ajouté, fait désormais partie de la vie quotidienne, elle est si présente et si féroce qu'elle est devenue comme "une maladie"».

Attaques contre les églises

L'évêque a souligné que malgré les nombreuses attaques contre les églises et le personnel ecclésiastique, les vocations sont toujours enregistrées. «Les jeunes ont encore de l'espoir. Ils n'abandonnent pas. Ils veulent continuer à avancer», a-t-il indiqué. L'évêque a rappelé l¡¯épisode triste de l'enlèvement d'un grand séminariste et d'un prêtre en février. «Le prêtre s'est échappé, mais le séminariste a été tué. Il y a tout juste deux semaines, un petit séminariste a lui aussi été enlevé à son domicile, et son jeune frère a été abattu». «Nous attendons toujours de savoir si une rançon sera demandée», a déclaré l'évêque, expliquant qu'en raison de ces attaques, le diocèse a engagé un service de sécurité privé pour protéger le séminaire, car «les forces de l'État sont débordées». Il a mis aussi en lumière la réalité brutale selon laquelle «la police demande de l'argent même lorsqu'elle engage un agent de sécurité privé».

Déplacement

Des communautés entières ont été déplacées, «forcées d'abandonner leurs maisons, leurs champs et leurs églises». Beaucoup vivent désormais «dans des camps de personnes déplacées, souvent surpeuplés et dépourvus de ressources». Mgr Gabriel Dunia a également noté que «des familles ont dû fuir à plusieurs reprises et se retrouvent souvent dans des villes inconnues, sans aucun moyen de subsistance». «Certaines des personnes dont nous nous occupons ont vu leur maison détruite non pas une fois, mais trois ou quatre fois. Chaque fois qu'elles commencent à reconstruire, la violence recommence», a-t-il fait savoir.

Des habitants retournent chez eux avec leurs biens après des attaques dans l'État du Plateau au Nigéria (2023)
Des habitants retournent chez eux avec leurs biens après des attaques dans l'État du Plateau au Nigéria (2023)   (AFP or licensors)

La réponse du diocèse

Malgré des ressources limitées, le diocèse continue de répondre du mieux qu'il peut. «Nous organisons des réunions. Nous demandons aux gens d'être vigilants. Nous les encourageons à s'accompagner les uns les autres dans les tâches quotidiennes et à être vigilants». Soulignant surtout souligné la nécessité d'un meilleur soutien de la part du gouvernement. «Les agents de sécurité locaux n'ont pas les armes nécessaires pour faire face à ces assaillants, qui viennent avec des armes lourdes», a-t-il insisté.

Aux jeunes et au monde

Aux jeunes qui vivent dans la peur, Mgr Dunia a lancé un appel à la prudence mais aussi à la résilience: «Soyez audacieux, courageux, mais soyez conscients. Soyez conscients de ce qui vous entoure». Poursuivant pour conclure: «Si le gouvernement ne peut pas gérer la situation, il doit demander de l'aide». Mgr Dunia a donc interpellé à cet effet la communauté internationale car a-t-il dit «nous ne pouvons pas gérer cela seuls».

Mgr Gabriel Dunia saluant le Pape Léon XIV au Vatican.
Mgr Gabriel Dunia saluant le Pape Léon XIV au Vatican.

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04 juillet 2025, 09:19