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Fabrice Bagendekere, SJ – Cité du Vatican

La célébration a mobilisé plusieurs milliers des fidèles du diocèse de Goma et toute la province ecclésiastique de Bukavu, mais aussi des diocèses du Rwanda voisin, couronnés de la délégation venue de Rome. Ont également pris part à cette célébration les membres des «Eglises s?urs» présentes dans la ville, notamment l’Eglise du Christ au Congo, union qui rassemble 64 confessions chrétiennes protestantes et évangéliques de la République Démocratique du Congo. Il a été aussi signalé la présence des autorités civiles, notamment les représentants du mouvement AFC/M23 sous occupation desquels sont toujours les deux villes – Bukavu et Goma – et tous leurs envirions. Tous azimuts, les fidèles ont exprimé, non seulement leur joie, mais aussi leur honneur de recevoir ce nouveau bienheureux. «Dieu a fait l’honneur à l’Eglise qui est ici, confirmant que cette ?uvre que son fils est venu inaugurer dans ce monde est une ?uvre fiable, authentique, capable de lui donner des saints», a exalté Mgr Muteba au début de son homélie, récoltant les «milolos» - acclamation – des fidèles présents.

Chercher la sainteté dans sa propre condition

«Cette béatification est pleine de sens», a affirmé Mgr Muteba, mettant en évidence le fait qu’elle constitue une unième confirmation de l’universalité de l’Eglise et de l’appel à la Sainteté. «C’est comme si Dieu nous disait, vous aussi avez le mérite d’être saints …. Vous n’avez pas à quitter votre condition et prendre celle de quelqu’un d’autre pour être sainteté », a déclaré le président de la CENCO, rappelant que chacun doit chercher la sainteté dans sa propre condition. «Vous n’avez pas à quitter votre famille pour un monastère pour pouvoir devenir saint», a insisté le prélat, illustrant son propos par le fait que «Bwana Chui était chrétien comme eux et parmi eux». «Floribert nous laisse donc une grande marque de la sainteté dans la vie courante», a-t-il marqué de point d’orgue.

Ce jeune homme vient nous ouvrir les yeux sur les antivaleurs

L’archevêque de Lubumbashi a aussi mis en évidence l’interpellation que constitue la figure de Bwana Chui pour la société congolaise. «Son martyr de l’intégrité et l’honnêteté constitue pour nous un miroir, face à la corruption qui gangrène notre société», a-t-il déclaré. «Il ne s’agit plus seulement de la corruption,  mais de la tricherie … la fraude et la contrebande», a insisté le prélat. «Nous sommes désormais comme pétris dans les antivaleurs», a soutenu Mgr Muteba.  Ainsi, disait-il, «Dieu a élevé Bwana Chui pour que nous voyons son exemple … ce jeune homme vient nous ouvrir les yeux», a-t-il insisté. «Si on ne saisit pas cette occasion, on pourra bien monter et descendre, ce pays ne pourra jamais se relever», a  récapituler le Président de la conférence épiscopale congolaise, rappelant le rôle capital des parents dans la formation de la conscience morale et chrétienne des enfants. «Il est vrai que Floribert a reçu la force du témoignage des enseignements chrétiennes, mais l’éducation reçu de ses parents y a aussi quelque chose», a affirmé le prélat, récoltant des acclamations pour la mère du nouveau bienheureux.

 Les saints ne sont pas des gens extraordinaires mais des gens qui ont vécu de façon extraordinaire

Dans la même perspective, prenant la parole à la fin de la célébration, l’ordinaire du lieu, Mgr Willy Ngumbi, a retracé la vie du Bwana Chui, la remettant dans le contexte ecclésial de Goma, comme pour montrer aux fidèles présents que «les saints ne sont pas des gens extraordinaires, mais des gens qui ont vécu de façon extraordinaire devant une situation précise». «Bwana Chui a vécu parmi nous. Jeune chrétien, célibataires, âgé de 26 ans, fonctionnaire de l’Etat», a indiqué le prélat, soulignant que «depuis toujours, l’Eglise n’a pas béatifié ou canonisé des gens d’exception ou des gens occupant en son sein ou dans la société des places de devant, mais des fidèles chez qui il a été signalé des vertus particulières, une exemplarité digne d’être proposé à la vénération de tous».

Bwana Chui, symbole de résistance à la corruption qui gangrène la société

Le lancement de la dévotion au jeune bienheureux constitue e«une invitation à l’espérance» pour les fidèles de Goma, du Congo, de la région des Grands-lacs et de toute l’Afrique, a déclaré l’évêque de Goma, invitant ses fidèles à ne pas «se lasser de faire le bien». Il a aussi saisi cette occasion pour réaffirmer «la pleine communion des Eglises» de la région, malgré les tractations qui existent entre leurs pays, saluant la grande délégation de l’Eglise du Rwanda, conduite par le Président de la Conférence Episcopale du Rwanda lui-même.

«La vie de Bwana Chui est une perpetuation du testament de tout le temps, laissé par le Christ : accepter de mourir pour vivre en Dieu». a déclaré Mgr Ngumbi, invitant ses fidèles à porter la figure du nouveau bienheureux comme «symbole de résistance à la corruption qui gangrène le pays». Il les a invité à ne pas avoir peur de s’engager sur cette voie «chacun là où il est», comme Bwana Chui.

Bwana Chui, un bien spirituel pour tous sans distinction de religion

Aussi, l’évêque de Goma a appelé ses fidèles «à un sursaut pour prendre le bras le corps cette dévotion qui est en train de naître». «Faites connaître Bwana Chui dans vos maisons, dans vos hoptiaux, dans les écoles, dans les entreprises, à vos amis, à tous les hommes et femmes», a-t-il insisté, soulignant  que «Floribert Bwana Chui est un bien spirituel, pas seulement pour les catholiques mais pour tous, puisqu’il a sacrifié sa vie pour préserver la vie de tous». Référence faite ici à une interpellation d’un musulman lors des échanges autour de la figure du nouveau bienheureux.

Les remerciements du diocèse à tous ceux qui ont contribué à la réalisation de cet événement

Par ailleurs, l’ordinaire du lieu, Mgr Willy Ngumbi a remercié toutes les personnes venues des horizons lointaines pour prendre part à cet événement, notamment la délégation venue de Rome. Celle-ci était constituée du Père Angelo Romano, envoyé du dicastère des causes des saints et du délégué de la Communauté Sant’Egidio pour le Congo et postulateur de la cause de Floribert, Francesco Tedeschi.  Les remerciements ont également été adrssés à toutes les représentations des diocèses environnants, non-seulement pour être venus communier à cette joie de l'Eglise de Goma, mais aussi et surtout pour toutes les initiatives entreprises pour faire connaître le nouveau bienheureux dans leurs Eglises locales. Le prélat a aussi tenu à remercier le gouvernement congolais et les représentants de la coalition AFC/M23 pour avoir facilité et soutenu cet événement.