?Saint-P¨¨re, nous sommes en train de couler?: l'archev¨ºque de Guam a rencontr¨¦ L¨¦on XIV
Jospeh Tulloch ¨C Cité du Vatican
Parmi les 54 archevêques métropolitains qui ont reçu le pallium - ancien vêtement liturgique qui symbolise la pleine communion avec le Pape - dans la basilique Saint-Pierre dimanche dernier, figurait l'archevêque d'Agaña, Mgr Ryan Jimenez.
Cet archevêque de 53 ans, originaire des Philippines, est également à la tête de la Conférence épiscopale du Pacifique (CEPAC), qui est, en termes de superficie, la plus grande conférence épiscopale du monde.
Composée de 17 diocèses, juridictions, missions sui iuris et préfectures, elle englobe une vaste bande de l'océan Pacifique, depuis le territoire américain de Guam à l'ouest jusqu'à l'île francophone de Tahiti au sud-est.
Difficultés logistiques
«C'est une région très diversifiée», a souligné l'archevêque. L'exercice du ministère pastoral sur ce vaste territoire s'accompagne de sérieuses difficultés administratives. Les billets d'avion entre les îles, même celles qui sont relativement proches les unes des autres, peuvent être hors de prix, et les évêques de la région ne se réunissent qu'une fois tous les deux ans.
Mgr Jimenez raconte avoir remarqué, au début de sa carrière, qu'un certain évêque était toujours absent des réunions de la CEPAC, et qu'on lui avait répondu qu'il n'avait pas les moyens de payer les billets d'avion.
Même la communication en ligne n'est pas exempte de problèmes, en raison de problèmes de connexion à Internet. Les évêques de la région sont connus pour disparaître fréquemment et brusquement des réunions Zoom.
Changement climatique et émigration
Le plus grand problème de la région reste cependant le changement climatique, qui a entraîné une élévation du niveau de la mer - un problème particulièrement grave pour les îles basses du Pacifique - ainsi qu'une augmentation de la température des océans et une multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes.
Mgr Jimenez a rencontré le Pape Léon XIV en privé mercredi 2 juillet, quelques jours après avoir reçu le pallium. Juste avant, a-t-il expliqué, il a reçu un message d'un collègue de Tuvalu: «S'il vous plaît, dites au Saint-Père que nous sommes en train de couler». Le changement climatique a occupé une place importante dans l'ordre du jour de la rencontre entre l'archevêque et le Pape, de même que les migrations.
L'archevêque a souligné la relation étroite entre les deux phénomènes, soulignant que de nombreux habitants des îles du Pacifique sont contraints d'émigrer en Australie. «Il y a une tension, a-t-il dit, parce que vous voulez vous accrocher à vos racines, parce que c'est chez vous. D'un autre côté, vous n'avez pas d'autre choix que de partir, parce que votre maison est lentement recouverte par l'eau. Mais vous avez toujours ce désir de rentrer chez vous».
La beauté de l¡¯inculturation
Alors que l'entretien touchait à sa fin, l'archevêque Jimenez a souligné qu'il ne voulait pas trop s'attarder sur les défis de la vie dans le Pacifique: «Il est tellement important de parler aussi des joies». Parmi celles-ci, il a cité la présence de divers groupes indigènes, des Chamorros à Guam à ceux présents dans son diocèse précédent de Chalan Kanoa.
«C'est un don», a souligné Mgr Jimenez, «car chaque Église locale exprime le caractère unique des cultures indigènes, et ce caractère unique peut aussi être un ingrédient important de l'universalité de l'Église».
L'archevêque a également déclaré que ce qui manque à l'Église du Pacifique en termes de quantité - l'Église catholique est minoritaire dans la majeure partie de la région - est plus que compensé en termes de qualité, avec des liturgies «longues, incroyablement belles et incroyablement colorées».
Lorsqu'il a reçu le pallium dimanche dernier, Mgr Jimenez a déclaré qu'il avait eu l'occasion de s'entretenir brièvement avec le Pape. Lors de cet entretien, Léon XIV, rapporte l¡¯archevêque, lui a dit : «Vous avez de nombreux défis à relever dans votre archidiocèse, mais sachez que Dieu est avec vous».
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