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Photos des ¨¦v¨ºques centrafricains avec le pr¨¦sident de la R¨¦publique, Faustin-Archange Touad¨¦ra. Photos des ¨¦v¨ºques centrafricains avec le pr¨¦sident de la R¨¦publique, Faustin-Archange Touad¨¦ra.  

Ev¨ºques centrafricains: rendre compte de l¡¯±ð²õ±è¨¦°ù²¹²Ô³¦±ð par un engagement citoyen

R¨¦unis en assembl¨¦e pl¨¦ni¨¨re ordinaire ¨¤ Alindao du 16 au 23 juin, les ¨¦v¨ºques de Centrafrique, ont centr¨¦ leur ?m¨¦ditation et r¨¦flexion autour de la th¨¦matique de l¡¯±ð²õ±è¨¦°ù²¹²Ô³¦±ð?. Au regard de la situation qui pr¨¦vaut dans leur pays, les ¨¦v¨ºques en appellent aux fid¨¨les et aux hommes et femmes de bonne volont¨¦ pour rendre compte de leur ±ð²õ±è¨¦°ù²¹²Ô³¦±ð par un engagement citoyen, ?mais surtout chr¨¦tien?, et ?¨¤ ¨ºtre de v¨¦ritables gardiens des valeurs ¨¦vang¨¦liques et humaines inali¨¦nables?.

Fabrice Bagendekere, SJ ¨C Cité du Vatican

Le message a été donné en la cathédrale du Sacré-C?ur de Jésus d¡¯Alindo, le 22 juin 2025. Les évêques réaffirment le caractère réel et actif de l¡¯espérance, contre toute tentation d¡¯inertie et de passivité auxquelles on pourrait trompeusement la rapporter. Loin d¡¯être «un vague optimisme, ni une illusion ni une attente passive mélangée de doute», écrivent les évêques, «l¡¯espérance chrétienne est la foi confiante et agissante en Dieu-Emmanuel qui agit en chacun de nous et dans chaque événement de la vie quelles que soient les circonstances et qui porte le monde et son histoire irrémédiablement vers son accomplissement». Aussi, rappelant la prépondérance de l¡¯espérance dans la foi chrétienne et l¡¯économie du salut, les évêques invitent leurs concitoyens à lire «les signes d¡¯espérance» qui se manifestent dans leur pays, dans «cette tension permanente entre la désespérance et l¡¯espérance, entre le déjà-là et le pas encore». 

Le courage d¡¯exister

Le premier signe qu¡¯ils relèvent est «le courage d¡¯exister» qui caractérise leur peuple, «sa ferme volonté et détermination à vivre, la force de sa résilience et la célébration de la vie comme un don fragile à protéger et à sauvegarder». Les prélats louent la résilience de leur peuple, au vu des «moments sombres et macabres» que le pays a traversé et malgré lesquels il reste toujours uni: «les crises militaro-politiques à répétition, les crépitements d¡¯armes, la dureté de la vie sur les sites des déplacés, les actes de violences, les tueries et les atrocités qui ont été commis, le sentiment d¡¯inimité intercommunautaire, de haine et de vengeance qui a habité les c?urs avec le risque d¡¯un embrasement total de notre pays».

Toutes ces épreuves, démontrent les évêques, «n¡¯ont pas entamé notre volonté et courage de vivre». Aussi reformulent-ils le droit de leur peuple d¡¯être maître de sa destinée. «Malgré la pauvreté endémique de notre pays, en tant qu¡¯êtres humains, créés à l¡¯image et à la ressemblance de Dieu, nous voulons vivre et faire valoir notre droit à la vie, à la liberté, au bonheur, à la justice et à la paix», écrivent les prélats.


Les c?urs se désarment

Le deuxième signe que relèvent les évêques est la solidarité et le vivre-ensemble harmonieux entre chrétiens et musulmans dans leur pays. «Aujourd¡¯hui, beaucoup de c?urs se désarment. Nous avons pu constater des gestes de solidarité sincère envers les personnes déplacées. Des familles démunies et pauvres ont accepté de partager généreusement de leur indigence pour venir au secours de ceux et celles qui vivent une détresse beaucoup plus grande. Dans un tel contexte, les relations intercommunautaires entre chrétiens et musulmans se sont beaucoup améliorées», écrivent les prélats. Aussi affirment-ils constater que «de nombreux détenteurs illégaux d¡¯armes acceptent aujourd¡¯hui librement de les rendre et d¡¯entrer ainsi dans une dynamique de la construction de la paix», au même moment que la reconstruction des forces de défense de leur pays et de sécurité est «d¡¯ores et déjà en cours».

La conscience de la nécessité de la scolarisation et l¡¯engagement des chrétiens

Le troisième signe qui se donne à voir, selon les évêques est le constat d¡¯une «réelle prise de conscience de la nécessité de la scolarisation, en particulier celle des filles, et de l¡¯éducation». «Lors de nos tournées pastorales, affirment-ils, les parents réclament plus d¡¯écoles, des enseignants qualifiés et surtout la paix afin de permettre et de favoriser la scolarisation et l¡¯éducation de leurs enfants, un véritable chemin vers la paix». Par ailleurs, sur le plan de la foi, les prélats affirment constater «le nombre sans cesse croissant des catéchumènes, des baptisés, des confirmés et des couples chrétiens unis par le sacrement de mariage, la floraison des vocations religieuses et sacerdotales, ainsi que l¡¯engagement de nos chrétiens dans la dynamique de l¡¯autoprise en charge de leur Église», qui constituent, selon eux, «un véritable motif d¡¯actions de grâces et d¡¯espérance».


Préserver le faible lumignon de la flamme de la vie et de l¡¯espérance

Au vu de ces progrès accomplis, les évêques de Centrafrique rappelle la responsabilité pour tous «de préserver le faible lumignon de la flamme de la vie et de l¡¯espérance qui bat encore aujourd¡¯hui dans le c?ur de chaque fils et fille de ce pays», «tant sur le plan individuel, social, politique, économique que sécuritaire». Dans cette perspective, les prélats expriment leur préoccupation face à «la situation actuelle de crise et de blocage politique entre le pouvoir, l¡¯opposition et la société civile» dans leur pays, décriant l¡¯action négative des réseaux et des médias dans l¡¯entretient de cette tension. À cette situation s¡¯ajoute «une recrudescence de conflits armés, de violences et d¡¯insécurité avec des braquages à mains armées dans certaines localités» du pays, ainsi que la dégradation des services étatiques, disent-ils. Aussi révèlent-ils «les angoisses et préoccupations» de la population qui «s¡¯interroge sur les préalables aux futures élections».

Mettre en place des mécanismes nationaux à court, moyen et long terme

La question est celle de savoir quoi «faire ensemble pour juguler les éventuelles crises pré et post-électorales?», écrivent les évêques. Ils posent comme préalable à toute démarche la paix. «La paix n¡¯a pas de prix», affirment les prélats. Une chose est sûre, insistent-ils, «le peuple centrafricain ne veut plus d¡¯une énième crise qui serait de trop». Ainsi lancent-ils un appel à «tous ceux qui disposent d¡¯une quelconque possibilité et autorité, à se laisser guider uniquement par l¡¯intérêt supérieur de la nation et la recherche du bien commun». Aussi, affirment les évêques,  ces situations obligent à «une prise de conscience et de responsabilité endogène avec la nécessité de sortir de l¡¯assistanat, de mettre en place et de développer des mécanismes nationaux à court, moyen et long terme», pour faire face aux nombreux défis auxquels est confronté leur pays.

Fertiliser l¡¯imaginaire centrafricain avec les vraies valeurs

Les évêques affirment l¡¯urgence pour leur pays de «sortir du paradigme de la désinformation, de la division, de la haine, de l¡¯ethnocentrisme exclusif et des intérêts partisans et pouvoiristes» qui marque encore sa scène politique, de «fertiliser l¡¯imaginaire centrafricain avec les vraies valeurs et de promouvoir la culture de la liberté et de la vérité, de la justice et de la réconciliation, de l¡¯unité nationale et de la concorde, de la fraternité et de l¡¯amour patriotique». Aussi, face à la dureté de la vie qui caractérise la réalité quotidienne, les prélats invitent leurs concitoyens, en vertu de l¡¯espérance dont ils sont témoins, à «reconnaître les traces de la présence de Dieu dans notre vie actuelle et à aller toujours de l¡¯avant». «L¡¯amour de Dieu pour ses enfants est plus fort que les difficultés de la vie présente», rassurent-ils.


La force de l¡¯espérance oblige

Les évêques concluent leur message par un appel aux hommes et de femmes de bonne volonté de leur pays à rendre compte de leur espérance par un engament citoyen, «mais surtout chrétien», «à être de véritables gardiens des valeurs évangéliques et humaines inaliénables». Loin de sombrer dans la fatalité, rappellent-ils, «le chrétien, grâce à la force de l¡¯espérance, est toujours encouragé à faire le bien et éviter le mal». Rendre compte de l¡¯espérance qui nous habite, écrivent les prélats, « c¡¯est oser des gestes de pardon et d¡¯amour, des gestes qui sèment la paix et qui réconcilient même quand tout le monde autour de nous prend le chemin contraire. ¡­ C¡¯est oser nous remettre debout afin de devenir les protagonistes de notre propre développement». «La force de l¡¯espérance oblige», insistent les évêques.

Concernant leur rôle de pasteur, les évêques réaffirment leur devoir d¡¯«inviter sans tarder nos hommes politiques, les leaders d¡¯opinions, les représentants de la société civile, bref toutes les forces vives de la nation centrafricaine à la décrispation de la situation et du climat politique qui prévalent actuellement dans notre pays en vue du bien commun».

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27 juin 2025, 12:31