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Vatican News avec Juste Hlannon (Cotonou-Benin)

Le 11e congrès ordinaire de l’Union régionale des prêtres de l’Afrique de l’Ouest, URPAO, s’est tenu à Cotonou au Benin du 9 au 15 juin autour du thème «Donnez-leur vous-mêmes à manger (Lc 9,13 ): L’engagement sacerdotal au service du bien-être intégral de l’Homme en Afrique (les ?uvres de miséricorde)». Pendant une semaine, les travaux ont conduit les congressistes à réfléchir sur l’importance d’une implication plus profonde des prêtres dans la promotion intégrale de l’homme dans le contexte ouest-africain.

Travailler à la paix et à la sécurité

La crise sécuritaire dans plusieurs pays de la sous-région ouest-africaine a occupé une place particulièrement importante dans les débats des pères congressistes. Aussi, dans leur communiqué final lu au terme de la messe de clôture dimanche 15 juin, en l’église paroissiale Saint-Michel de Cotonou, les ecclésiastiques ont adressé une requête aux chefs d’États ouest-africains qui est celle de «relever le défi sécuritaire pour la paix, la quiétude et la sérénité des populations», tout en travaillant «à protéger toutes les composantes de la population, surtout dans les zones les plus périlleuses et exposées».

Le préalable de rapports apaisés entre l’Église et l’État

La détérioration dramatique de la situation sécuritaire dans plusieurs pays de la sous-région est de plus en plus préoccupante. Elle est «tragiquement illustrée par des cas d’agents pastoraux kidnappés et assassinés dans l’exercice de leur ministère», souligne le communiqué final émis à l’issu du congrès ordinaire. Elle «exige une mobilisation qui transcende le cadre pertinent des prières et expressions de compassion, pour inclure des actions concrètes et coordonnées avec les pouvoirs publics», poursuit le communiqué. Aussi, pour les prêtres ouest-africains, cette synergie d’actions ne peut advenir en l’absence d’un préalable de rapports apaisés Église/États. Pour ce faire, l’URPAO a lancé un appel aux chefs d’États de la sous-région «à renforcer et encourager les relations entre l'Église et les États dans le sens de la construction d'une société harmonieuse».

Promotion de la synodalité

Outre la question sécuritaire, l’URPAO a également lancé un appel aux évêques de la sous-région pour accorder une plus grande place aux unions et fraternités sacerdotales de leurs pays en leur offrant notamment un siège au sein de la Conférence épiscopale. Les congressistes souhaitent le renforcement de la collaboration entre les évêques et les prêtres pour un plus grand service du peuple de Dieu. Ceci, non-seulement en les nourrissant spirituellement, mais aussi en promouvant des actions dans le sens du bien-être intégral de tous. Par ailleurs, avec les fidèles laïcs, l’URPAO, entend promouvoir une plus grande collaboration pour une Église plus synodale, en développant un climat de confiance réciproque et d’action commune pour l’éradication de la pauvreté.

«Investir dans l’aide alimentaire»

«Donnez-leur vous-mêmes à manger». Les prêtres de l’Afrique de l’Ouest ont affirmé s’engager à faire de cette parole du Christ à ses apôtres «une devise transversale à l’ensemble de leur activités sociale, pastorale et missionnaire dans la sous-région et même au-delà». Aussi, à l’issu de ces assises, les congressistes ont recommandé d’«identifier les causes systémiques de souffrance et de dénoncer les structures d’injustice et de destruction qui en sont à l’origine». Par ailleurs, les ecclésiastiques encouragent «le développement de projets structurants en matière d’aide alimentaire, d’éducation et de santé dans une logique de transformation sociale profonde et durable» dans la sous-région.

«Être des instruments qui apaisent leur faim»

La messe de clôture de ce 11e congrès ordinaire de l’Union régionale des prêtres de l’Afrique de l’Ouest a été présidée par le Mgr Antoine Sabi Bio, évêque chargé du clergé et des séminaires au sein de la Conférence épiscopale du Bénin. Par ailleurs, l’homélie de cette eucharistie a été prononcée par le père Éric Okpeitcha, secrétaire général de la Conférence des évêques du Bénin. L’ecclésiastique a soutenu que «les hommes et les femmes de notre époque éprouvent la faim du pain, de l’éducation, la santé, du bien-être matériel mais aussi ont faim de justice, de paix, de vérité, de la Parole de Dieu et ultimement, de Dieu lui-même», préconisant l’engagement du clergé dans l’action sociale.

Le prêtre beninois a affirmé qu'«il nous revient d’être les instruments qui leur permettent d’apaiser cette faim multiforme». Pour y parvenir, le père Okpeitcha a recommandé aux membres de l’URPAO de se «libérer du cléricalisme et de l’autoritarisme pour devenir le principe et le ferment de l’unité et de la communion au sein des communautés paroissiales». Il les a également invités à «porter au c?ur des peuples une voie prophétique audible et crédible pour la paix et l’unité dans un continent fracturé par des conflits et divisions et tenté par le repli sur soi identitaire et idéologique».