Victoire pour le peuple de Chagos, ?une cause juste soutenue par l¡¯?glise?
Jean-Benoît Harel ¨C Cité du Vatican
«Pour moi, c'est une joie parce qu¡¯ils ont mené un long combat et aujourd'hui ils ont le droit de retour inconditionnel sur leur terre natale». Pour l¡¯évêque de Port-Louis sur l¡¯île Maurice, ce jeudi 22 mai 2025 sera une date à célébrer avec le peuple de l¡¯archipel de Chagos. En effet, le Premier ministre britannique Keir Starmer a annoncé la signature d¡¯un accord rétrocédant cet archipel à la République mauricienne. Un combat de plus de 50 ans pour les Chagossiens et les Chagossiennes, qui a causé beaucoup de traumatismes selon Mgr Jean-Mickaël Durhône.
L'exil d'un peuple
La première installation sur cet archipel se fait en 1784, par un planteur spécialisé dans le sucre et la noix de coco, un certain Pierre Marie Le Normand. D¡¯abord sous influence française, dans le territoire des Mascareignes, l¡¯archipel passe sous domination britannique à la fin des guerres napoléoniennes, en 1814. Toute une communauté de personnes y vit alors, des travailleurs, des esclaves qui seront affranchis par la suite mais aussi des lépreux envoyés pour être guéris.
En 1968, l¡¯île Maurice obtient son indépendance, mais le gouvernement du Royaume-Uni avait préalablement pris soin de détacher l¡¯archipel de Maurice, afin d¡¯y faire construire une base américaine. Mais pour cela, les Britanniques doivent expulser toute la vie locale. «À partir de 1971, il y a toute une déportation de la population chagossienne vers Maurice, vers les Seychelles¡», explique Mgr Jean-Mickaël Durhône. Les deux milliers de «réfugiés» comme ils sont encore appelés à Maurice arrivent sans rien et sont accueillis par l¡¯Église locale.
Une petite communauté ?cuménique, avec un prêtre catholique et un pasteur protestant s¡¯organise. Mais très vite, le combat juridique et politique s¡¯engage. «Il faut reconnaître que ce sont les femmes chagossiennes qui ont pris le flambeau. Elles n'avaient pas peur de protester devant l¡¯Assemblée nationale à Maurice ou bien dans les rues de Londres», se souvient l¡¯évêque local. «L'Église est venue soutenir le combat, car ce combat était une cause juste», poursuit-il.
Le soutien du Pape François
Outre les actions du gouvernement mauricien ou de l¡¯Union africaine, l¡¯Église a encouragé les exilés dans leur combat pour retrouver leurs terres. Ainsi en 2023, le Pape François avait rencontré les Chagossiens et avait «signifié son soutien» à ce peuple devenu symbole d¡¯une lutte pour les droits aux périphéries du monde. La conférence des évêques de l¡¯océan Indien avait aussi donné sa bénédiction.
De même, lorsqu¡¯il s¡¯adresse à ses fidèles, Mgr Jean-Mickaël Durhône s¡¯adresse aux habitants de Maurice, à ceux de l¡¯archipel d¡¯Agaléga et à ceux de celui de Chagos. «Même s'il n'y avait pas de population à Chagos, je devais reconnaître qu'ils font partie de l'Église de Maurice, que nous reconnaissons leur identité culturelle, leur identité spirituelle, même s'ils sont un peuple de déportés».
Celui qui est évêque de Port-Louis depuis deux ans se projette déjà vers l¡¯avenir, et le retour des Chagossiens sur leurs îles. Il a demandé une commission pour étudier les possibilités d¡¯accompagnement spirituel, et devra parler avec les autorités de la restauration des lieux de culte ou des cimetières. «Il nous faudra aussi restaurer les lieux de mémoire parce que beaucoup d'entre eux n'ont pas pu aussi être enterrés dans leur terre», estime-t-il, esquissant déjà toutes les difficultés pour ce peuple en exil d¡¯avoir le droit au retour, plus de 50 ans après le départ.
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