杏MAP导航

Vatican News

La Fondation internationale Religions et Sociétés, constituée des pasteurs, des chercheurs, des hommes et des femmes de terrain du Nord et du Sud, est un espace permettant aux pasteurs, aux chercheurs, aux hommes et aux femmes de terrain de croiser leurs points de vue enracinés dans leurs contextes respectifs afin de développer une connaissance mutuelle, une écoute attentive et charitable et un dialogue fructueux, d’une part, pour ?uvrer pour une éducation catholique de qualité en Afrique, et d’autre part, pour ?uvrer en faveur d’une meilleure coopération missionnaire entre le Nord et le Sud.

En cela, la Fondation internationale Religions et Sociétés constitue un laboratoire vivant du dialogue entre les particularités liées au statut de ses membres ainsi qu’à leurs lieux de provenance. C’est dans cette optique que les évêques, les supérieurs majeurs venus de plus de 15 pays d’Afrique se sont réunis à l’abbaye de Maredsous pour partager et croiser les expériences pastorales avec les réflexions académiques autour des particularités contemporaines.

Les pluralités contemporaines et leurs impacts sur l’Église

Les différents intervenants ont mis en lumière le fait que notre époque est marquée par l’affirmation des pluralités dans leurs formes culturelles, religieuses, politiques, sociales, ethnique, etc. Cette affirmation conduit à deux dangers majeurs, à savoir le repli sur soi et la tendance d’imposer aux autres sa vision du monde et de la vie. Le rejet de la différence, le populisme, la xénophobie, le racisme, la discrimination, voire les conflits, «sont les phénomènes concrets qui caractérisent les difficiles relations entres les particularités, dans nos sociétés contemporaines», ont expliqué les intervenants. 

En effet, la fracture entre le Nord et le Sud s’exprime aujourd’hui à travers le renforcement des blocs géopolitiques, dont le fossé ne cesse de se creuser. La prise de conscience croissante des valeurs et des cultures propres au Sud, dans la société et dans l’Église, conduit à l’affirmation de la différence et des particularités de l’Afrique. Sur le plan politique, ont noté les intervenants, certains États africains ont rompu des relations diplomatiques avec des États du Nord.

Aujourd’hui, l’affirmation des pluralités culturelles du Sud ainsi que le développement de la morale individuelle dans les sociétés du Nord constituent deux fondements principaux des oppositions entre le Nord et le Sud. Les participants au colloque de Maredsous ont montré que cette situation est à l’origine des défis caractérisant, d’une part,  la coopération missionnaires entre les Églises du Sud et les Églises du Nord, et d’autre part, l’Église universelle.

Les pluralités au Sud

Le continent africain est marqué par plusieurs pluralités, surtout sur le plan ethnique et sur le plan religieux. Cela est à l’origine de diverses conflits. Mgr Fortunatus Nwachukwu, secrétaire du dicastère pour l’Évangélisation des peuples, a déploré le fait que la logique ethnique met à mal la logique de la fraternité évangélique dans beaucoup de pays en Afrique. Ceci va parfois jusqu’au refus, pour une Église locale, d’accepter un évêque issu d’une autre ethnie.

Cela montre à quel point la question de particularités ethniques, en Afrique, constitue un obstacle à l’évangélisation et au témoignage chrétien. Quant à Mgr Ernesto Maguengue, évêque d'Inhambane au Mozambique, les pluralités ethniques et régionales en Afrique ont été, depuis plusieurs décennies, manipulées à des fins politiques. 

La promotion d’un pastorale de proximité

Pour Mgr Andrew Nkea, président de la Conférence épiscopale du Cameroun, les Églises de réveil doivent attirer l’attention de l’Église catholique. En effet, aujourd’hui, pour ne pas continuer à laisser partir les catholiques et particulièrement les jeunes, l’Église catholique en Afrique, a revu sa pastorale. Celle-ci ne consiste plus à attendre que les fidèles viennent vers les prêtres. Face aux “Églises de réveil“, les communautés ecclésiales de base ont été renforcées et les agents pastoraux sont encouragés à pratiquer la pastorale de proximité. «La synodalité a été un outil pour responsabiliser chaque baptisé dans la mission évangélisatrice de l’Église», a souligné l’archevêque de Bamenda.

Dans son intervention, Mgr Moses Chikwe, archevêque d’Owerri au Nigéria, l’Église a pris le pari du dialogue malgré le fait que le contexte, qui prévaut dans son pays, donne à penser que les chrétiens peuvent disparaître. Cela demande beaucoup de courage et d’espérance. Dans la même perspective, Mgr Gabriel Sayaogo, archevêque de Koupéla au Burkina Faso, a souligné le fait que plusieurs communautés chrétiennes et plusieurs paroisses, dans son pays, ne fonctionnent plus à cause du conflit à caractère interreligieux qui endeuille les populations du Burkina Faso.

Les pluralités au Nord

Mgr Johan Bonny, évêque d’Anvers en Belgique, a tenu à montrer les changements intervenus ces dernières décennies dans les sociétés occidentales, en matière de morale. En se basant sur les exemples de sa familles, le prélat a souligné que les relations amoureuses et familiales ont bien changé. «Aujourd’hui, la famille n’est plus ce qu’elle était. Le sens du couple et du mariage n’est plus le même. Il existe les familles recomposées, les familles monoparentales, les familles homosexuelles, à côte du modèle classique qui tend à devenir minoritaire», a-t-il expliqué, soulignant que l’Église est appelée à annoncer la bonne nouvelle auprès de ces familles.

Quant à Mgr Éric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims en France et président de la conférence épiscopale du pays, il estime qu'il y a eu un changement de paradigme en termes anthropologiques en Occident, dont la liberté individuelle est à l’origine. «Cela a mis à mal l’image classique de l’Église et de la foi dans les sociétés occidentales. Ainsi, le nombre de fidèles et celui de prêtres ont fortement diminué dans les Églises du Nord où les conséquences de ce changement de paradigme sont nombreuses au sein de l’Église», a-t-il fait savoir.

Pluralités contemporaines: lieu de conversion de l’Église

Selon les différents théologiens présents au colloque de Maredsous, le modèle culturel occidental a longtemps prévalu dans la vision et les enseignements de l’Église universelle, au détriment des particularités des Églises du Sud. Ainsi, la théologie de libération développée en Amérique du Sud et la théologie africaine enracinées dans les contextes locales ont montré que l’Esprit Saint est à l’?uvre également dans les Églises locales du Sud, à travers la rencontre fructueuse entre l’Évangile et les réalités du Sud.

Le Concile Vatican II a été repris comme un lieu permettant à penser les pluralités dans l’Église aujourd’hui. Les pasteurs et les théologiens rassemblés à l’abbaye de Maredsous ont donc plaidé pour une conversion de l’Église universelle. «Celle-ci doit prendre en compte les particularités du Sud dans sa mission d’assurer la communion et l’unité entre les Églises», ont-ils suggéré, identifiant le dialogue comme l’un des moyens efficaces de vivre le mystère et la théologie de la trinité dans l’Église.

Promouvoir une meilleure coopération missionnaire entre le Nord et le Sud

Dans beaucoup de pays, l’Église catholique est un partenaire majeur des États dans le domaine de l’éducation. Compte tenu des dangers liés à la mauvaise gestion des pluralités dans l’Église et dans nos sociétés, les participants au colloque de Maredsous ont plaidé pour une éducation au dialogue  entre les pluralités contemporaines. Ceci devrait passer par le respect de la différence, la connaissance mutuelle, la reconnaissance de l’autre, le développement de l’esprit critique, afin de préparer et de contribuer à l’avènement d’une humanité réconciliée avec elle-même et avec Dieu.

Ainsi, pour faire de la coopération missionnaire un lieu de conversion et d’espérance pour les Églises du Nord et du Sud, la Fondation a le projet de mettre en place une structure visant à préparer et à accompagner les candidats ainsi que les Églises d’envoi et d’accueil à travers les différentes étapes de la coopération missionnaire entre le Nord et le Sud. Les résolutions prônées par les participants au colloque de Maredsous seront remis au Pape Léon XIV pour faire de cette expérience une opportunité pour l’Église universelle dans sa mission évangélisatrice.