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Le Pape et des participants au Jubil¨¦ des Eglises orientales, ce mercredi 14 mai. Le Pape et des participants au Jubil¨¦ des Eglises orientales, ce mercredi 14 mai.  (@Vatican Media)

?Nous ne sommes pas des fils adoptifs?, clame l¡¯¨¦v¨ºque des maronites au Br¨¦sil

? la t¨ºte de l'¨¦parchie Notre-Dame-du-Liban de S?o Paulo des Maronites, Mgr Edgar Madi se r¨¦jouit que le Pape L¨¦on XIV ait soulign¨¦ ce mercredi matin l¡¯importance de pr¨¦server l¡¯identit¨¦ des ?glises orientales en diaspora et de les promouvoir aupr¨¨s des ?glises latines. Il estime n¨¦cessaire d'?uvrer ¨¤ l'unit¨¦ afin qu'ensemble, latins et orientaux puissent aider les chr¨¦tiens au Liban, en Irak ou en Syrie, afin de maintenir une pr¨¦sence chr¨¦tienne au Moyen-Orient.

Entretien réalisé par Marie Duhamel - Cité du Vatican

Au sein des Églises orientales, il y a ceux qui restent, à l¡¯image d¡¯un arbre, enracinés dans leur territoire, et il y a ceux qui ne peuvent porter la Croix du Christ et qui, comme les oiseaux, s¡¯envolent vers l¡¯Occident. Ces derniers sont appelés à soutenir leurs frères résidant en Irak, Syrie ou Liban, en union avec l¡¯Église latine. Un défi, au moins au Brésil, explique le quatrième évêque maronite de l¡¯éparchie Notre-Dame-du-Liban des Maronites, basé à São Paulo. Mgr Edgar Madi salue à ce titre la délicatesse du Pape Léon XIV qui a placé à ses côtés sur l¡¯estrade en la salle Paul VI des frères orientaux. Nous avons interrogé Mgr Madi à l¡¯issue de l¡¯audience accordée par Léon XIV aux Églises orientales ayant convergé à Rome pour leur jubilé.

Le Pape a encouragé les Églises orientales en diaspora à préserver leur identité. Comment cherchez-vous à accomplir cette mission, quels sont les défis que vous rencontrez ?

En raison de son expérience missionnaire passée, le Pape connait notre réalité. Il sait bien que la présence en diaspora de l'Église orientale laisse à désirer, dans le sens où le nombre de fidèles n'est pas égal à celui de l'Église latine romaine. Au Brésil, la conférence épiscopale compte 370 évêques et nous ne sommes que quatre à représenter les Églises orientales. Nous ne faisons pas la différence lors par exemple des élections, comme ce fut le cas d¡¯ailleurs lors du conclave. Ce que le Pape a souligné ce matin, c¡¯est qu¡¯il ne faut pas faire cas du nombre mais de la présence. Nous sommes là, nous sommes des fils et filles de l'Église.

Cette disproportion numérique nuit-elle à la préservation de votre identité et à vivre votre foi?


Il est facile de vivre sa foi quand on est indépendant, mais c'est plus difficile quand on manque d¡¯indépendance, très concrètement de locaux. Nous n¡¯avons pas d¡¯églises partout sur le territoire, et on a toujours besoin de l¡¯aide de l'évêque local afin qu¡¯il nous ouvre les portes d¡¯une église pour nous permettre de prier. Il y a des difficultés. Certains évêques sont très ouverts, d¡¯autres peu. C¡¯est comme si on devait les rassurer en disant: «on est là, on n'a pas besoin de votre présence, nous sommes catholiques, comme vos fidèles, on prie ensemble, on est bien». Donc, quand on est indépendant, tout va bien mais si on doit s¡¯appuyer sur l¡¯Eglise latine, si beaucoup coopèrent, quelques-uns sont méfiants. C¡¯est le défi.

Le Pape prône le rapprochement, la collégialité. Comment améliorer les liens avec les catholiques de rite latin?

Il faut que les évêques acceptent la présence de l'Église catholique orientale dans leur diocèse. Il faut qu¡¯ils acceptent le fait qu'il y a une spécificité propre aux catholiques orientaux, et une identité que nous devons garder et préserver. Cela est nécessaire pour maintenir et préserver la présence chrétienne au Moyen-Orient. Car ceux qui ont quitté leur territoire d¡¯origine, qui se trouvent au Brésil ou dans le monde entier, sont toujours en lien avec leurs parents restés au pays et doivent continuer à le faire. Et selon moi, quand l¡¯Église orientale est présente et forte en Occident, elle peut aider ceux qui sont toujours au Moyen-Orient. Or c¡¯est la mission de l¡¯Église universelle que d¡¯aider ces chrétiens d'Orient à rester chez eux.

Vous parlez en fait de communion et de paix.

Exactement, je dis que nous sommes ¡®un¡¯, comme l¡¯a dit le Pape aujourd'hui. Nous ne sommes pas des enfants adoptifs à l'intérieur de l'Église. Nous sommes les enfants de l'Église même si les enfants de cette famille catholique orientale ne sont pas nombreux. Nous ne devons pas être traités comme des enfants adoptifs. On est la famille, on fait partie de la famille.

Vous parlez du soutien nécessaire aux chrétiens, vos frères, qui sont au Liban, en Irak, etc. Comment les aider, notamment à rester au Moyen-Orient? Quel regard portez-vous sur leur avenir?

Le chrétien qui vit au Moyen-Orient, est un chrétien qui porte la croix de Jésus. C'est sa mission. Il endosse la mission de Jésus et porte la croix. Ce n'est pas facile. Ce sont des chrétiens qui vivent la persécution. Ils donnent leur vie parce qu'ils sont chrétiens, parce qu'ils sont baptisés, parce qu'ils ont foi en Jésus-Christ. Sur place, les gouvernements ne font pas grand-chose pour les faire rester. Les guerres qui se succèdent n¡¯aident pas. Les chrétiens ont ainsi toujours l'?il tourné vers l'Occident, pour s¡¯y rendre, bien que certains affirment qu¡¯ils ne quitteront pas leur pays. Il y a deux genres d'humanité au Moyen-Orient. Certaines personnes sont comme l¡¯arbre. Ils souhaitent rester là où ils sont enracinés. D¡¯autres sont comme l¡¯oiseau. Eux ne peuvent pas rester et s¡¯envolent. Mais ceux qui partent doivent aider ceux qui sont enracinés dans leur territoire, qui meurent et donnent leur sang pour maintenir une présence chrétienne au Moyen-Orient.

Comment peut-on les aider? Premièrement par la justice. Quand on parle de paix, le monde occidental doit donner la paix juste pour cette région du monde, pas un semblant de paix, une paix par force. La justice. Deuxièmement, chaque Oriental qui a quitté le Liban, la Syrie, etc, pour l'Occident, a une mission. Il doit toujours conserver à l'intérieur de son c?ur une place pour pouvoir aider ceux qui sont sur place. Pour cette raison, si les catholiques sont unis, si les Orientaux sont préservés à l'intérieur de l'Église locale là où ils sont, s'ils ne sont pas dilués à l'intérieur de l'Église catholique romaine, mais ont leur identité, ce sera plus facile de leur demander comme individu, comme groupe, comme communauté, comme citoyens de toujours penser à aider les chrétiens au Moyen-Orient, afin qu'ils restent là où ils sont.

S'il n'y a pas d'arbres, il n'y a pas de branches pour permettre à l'oiseau de se poser?

Exactement. C¡¯est pour cette raison qu¡¯on a la responsabilité de préserver cet arbre.

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14 mai 2025, 17:09