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Vatican News

En prenant la décision de fonder la première congrégation autochtone d’Afrique, Mgr Aloyse Kobes, spiritain d’origine alsacienne, alors vicaire apostolique de la Sénégambie, exprimait à la Propaganda Fide sa conviction selon laquelle l’Afrique ne pourra être mieux évangéliser que par les Africains. «L’expérience nous montre de plus en plus que l’Afrique ne pourra être convertie que par l’élément indigène (…). Il faut donc que l’Afrique se convertisse par les enfants du pays», écrivait-il.

Quelques années après leur fondation, les religieuses sont envoyées en mission dans les villages les plus reculés pour assurer l’évangélisation des populations. C’est ainsi que la Congrégation a continué à répondre aux besoins des Églises locales, capitalisant ainsi une grande expérience missionnaire, déclare s?ur Elisabeth Marie Nicole Mendy. L’Institut a ensuite traversé les frontières du Sénégal pour ouvrir des communautés dans d’autres pays africains, dont la Centrafrique et le Tchad, quand s?ur Marie Catherine Kimbo fut Supérieure générale. En 2003, les Filles du Saint-C?ur de Marie sont appelées à s’installer en France par les supérieurs spiritains et elles arrivent à Lisieux en 2005 où elles poursuivent l’?uvre d’évangélisation de Mgr Kobes, même si cette aventure missionnaire rencontre des défis auxquels elles sont confrontées dans le champ apostolique.

Manifester à tous une grande générosité, sans distinctions et sans limites

La Congrégation des Filles du Saint-C?ur de Marie se consacre à l’annonce de la Bonne Nouvelle, concrétisée en particulier par les ?uvres de la charité chrétienne. Sa dimension missionnaire apparaît dans la Règle de vie de l’Institut qui stipule: «missionnaires avec toute l’Église, nous sommes spécialement destinées à l’Évangélisation en profondeur "des Noirs d’Afrique"». Dans la pratique des ?uvres de charité à travers les dispensaires et maternités, dans les foyers et maisons d’accueil, dans les catéchuménats et les écoles, comme lors des visites à domicile, les rencontres interpersonnelles et dans les tâches même les plus humbles, ces religieuses sont appelées non seulement à apporter une présence matérielle et un dévouement humain, mais surtout le souci d’annoncer la Bonne Nouvelle. Une attention particulière est portée à la femme et aux enfants. Elles sont appelées à ne mettre aucune limite à leur générosité, mais plutôt à se dévouer à tous sans distinction de race, de rang social, d’âge ou de religion. «Nous nous devons aux grecs comme aux barbares, aux savants comme aux ignorants. (Cf. Rm 1, 14)», écrivait Mgr Kobes.

L’ouverture de la mission en France

Cette ouverture à la mission s’est concrétisée lorsque la Supérieure générale d’alors, Mère Béatrice Awa Marie Gueye, a décidé de l’ouverture d’une mission en France. Elle s’est appesantie sur les principes missionnaires évoqués plus haut et a précisé les raisons qui ont guidé sa décision dans une lettre du 17 octobre 2003 adressée au Père Boulanger, responsable de la Congrégation des Spiritains en France. Il s’agit du «renforcement des liens missionnaires historiques tissés entre deux Congrégations [la Congrégation des Pères du Saint-Esprit et la Congrégation des Filles du Saint-C?ur de Marie], par son excellence Monseigneur Kobès, d'une part, et tenant compte des besoins missionnaires de la France et de la rareté des vocations religieuses en Europe, d'autre part», écrivait Mère Gueye. À ces raisons, peuvent s’ajouter le nombre de plus en plus croissant des chrétiens d’origine étrangère en France, qui justifie une approche pastorale adaptée à leur situation. C’est également ce contexte qui justifie en partie l’arrivée des Filles du Saint-C?ur de Marie en France.

Les Filles du Saint-Coeur de Marie

Les Filles du Saint-C?ur de Marie à Lisieux et à Strasbourg

«Si, de par son baptême, tout chrétien est tenu d’annoncer le Royaume de Dieu, la Fille du Saint-C?ur de Marie, de par la Mission de son Institut, devra être habitée par le souci constant de l’apostolat». C’est cette préoccupation missionnaire, inscrite dans la Règle de l’Institut, qui a conduit la Congrégation à envoyer des religieuses en France. Le père spiritain Daniel Brottier, qui avait auparavant vécu au Sénégal, est la personnalité qui a cristallisé et déclenché l’arrivée des religieuses dans ce pays européen. Après des échanges entre la Mère Gueye et le Père Gabriel Myotte Duquet, Supérieur provincial des Pères du Saint-Esprit de France, une première communauté s’ouvre à Lisieux et les religieuses se voient confier la pastorale de l’?uvre d’Auteuil, qui prend soin des orphelins.

Trois religieuses sont arrivées à Lisieux, ville du Carmel de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronne des missions, en septembre 2005. Elles sont logées à la maison Saint-Jean-Eudes, qui regroupe trois établissements scolaires. Depuis lors, elles se consacrent à l’accompagnement pastoral des orphelins apprentis d’Auteuil en collaboration avec des prêtres et des laïcs.

Cinq ans plus tard, en 2010, les Filles du Saint-C?ur de Marie sont appelées à Strasbourg pour le même travail pastoral d’accompagnement des orphelins d’Auteuil à l’école maternelle et primaire Joie de vivre, dans le quartier de Koenigshoffen.

La pastorale à Evreux, à Aix-en-Provence et à Clichy

Avec certains besoins pastoraux, dont le remplacement des congrégations européennes vieillissantes et la prise en charge des chrétiens d’origine étrangère vivant dans certains diocèses, les religieuses seront de plus en plus sollicitées. A la demande de la Congrégation des S?urs de Saint-Jean à Netreville, les Filles du Saint-C?ur de Marie sont arrivées à Evreux pour participer à la prise en charge pastorale des ressortissants africains en général, et sénégalais en particulier. Deux religieuses arrivent en 2008 et se consacrent, depuis lors, à la pastorale des jeunes et des familles, à la catéchèse des enfants et des collégiens, à l’alphabétisation des Manjacks, une ethnie d’origine sénégalo-guinéenne, et à la préparation des baptêmes.

La même situation a prévalu à Mollégès, dans le diocèse d’Aix-en-Provence, où les autorités ecclésiales avaient besoin d’agents pastoraux expérimentés et disponibles pour assumer les différentes responsabilités, la plupart des agents pastoraux français étant des bénévoles âgés. C’est ainsi que l’évêque a fait appel aux Filles du Saint-C?ur de Marie pour apporter un nouvel élan et un dynamisme à la pastorale. La Mère Marie Diouf, actuelle Supérieure générale, a envoyé deux religieuses en septembre 2015 et une troisième en avril 2016 pour renforcer la communauté. Depuis lors, les religieuses s’investissent dans la pastorale locale, l’accompagnement des jeunes et l’apostolat auprès des malades. Les Filles du Saint-C?ur de Marie ont aussi répondu positivement à la sollicitation de la communauté de Clichy, où elles s’occupent, depuis 2020, de l’animation pastorale à l’école S?ur Marguerite de Clichy.

Le témoignage des «pionnières»

La troisième circonstance de l’implantation des Filles du Saint-C?ur de Marie en France est relative au travail et au témoignage de certaines religieuses de cette Congrégation, qu’on pourrait appeler «pionnières». Elles sont arrivées en France soit pour des raisons d’études, soit pour des raisons pastorales, et leur travail a été apprécié, poussant les autorités diocésaines à solliciter la présence d’autres religieuses de cet Institut. C’est le cas de s?ur Jeannette Bassene, qui a été envoyée à Nice en 2013 pour des études de Communication. Grâce à elle, trois communautés ont été ouvertes à Nice, à Monaco et à La-Rochelle. Elle était notamment impliquée dans la pastorale de la jeunesse. Les cinq religieuses envoyées à Nice en 2015 par Mère Diouf prennent actuellement en charge l’animation de l’Eglise Notre-Dame de Bon Voyage et l’accompagnement des fortes communautés capverdienne – 30 000 personnes dans le diocèse – et sénégalaise qui s’y trouvent. En outre, elles y assurent la catéchèse des enfants, l’aumônerie des jeunes collégiens et lycéens, la formation des adultes se préparant aux sacrements, l’accompagnement des malades et la visite en prison.

Cet exemple a inspiré le diocèse voisin à demander l’ouverture d’une communauté dans l’archidiocèse de Monaco. Depuis 2018, les religieuses travaillent dans l’accompagnement des malades et des personnes seules ainsi que la prise en charge de la direction nationale des ?uvres Pontificales Missionnaires (OPM). L’Institut a ensuite été invité au diocèse de La-Rochelle pour assurer la relève de trois communautés religieuses qui fermaient. Les Filles du Saint-C?ur de Marie s’y trouvent depuis 2023. La même année, une communauté a été ouverte à Mantes-la-Jolie, où se trouve une forte communauté de personnes d’origines africaines

Ainsi, les Filles du Saint-C?ur de Marie en mission en France sont une trentaine, réparties dans 9 communautés, et forment le district de France.

Défis missionnaires des Filles du Saint-C?ur de Marie en France

Le défi de l’intégration dans une société étrangère, la nécessité de déployer une pastorale adaptée au contexte français, l’autonomie du point de vue administratif et institutionnel, sont parmi les défis que rencontrent les religieuses. Des efforts nécessaires sont déployés pour trouver des solutions durables. C’est, par exemple, l’objectif visé par la rencontre Welcome, organisée chaque année par la Conférence des évêques de France (CEF) et la Conférence des Religieux et Religieuses de France (CORREF) pour les prêtres et religieux nouvellement arrivés en France.