En Terre Sainte, J¨¦nine endeuill¨¦e par les attaques contre les r¨¦fugi¨¦s palestiniens
Federico Piana - Cité du Vatican
L'enfer dans lequel est plongé Jénine depuis l'assaut, le 21 janvier, sur le camp de réfugiés de la ville de Cisjordanie est «similaire à la guerre de Gaza». Le directeur régional de la Mission pontificale pour la Palestine, Joseph Hazboun, reprend l'image utilisée avant lui par le maire de la ville palestinienne. «Il a lui aussi photographié un désastre: plus d'une centaine de logements détruits, des milliers de familles touchées, plus d'un millier de personnes déplacées». Et les chiffres augmentent d'heure en heure.
Tulkarem également touchée
L'action militaire israélienne en cours touche chaque centimètre carré de la zone urbaine restante. Le directeur régional du bureau de la Mission pontificale pour la Palestine à Jérusalem évoque un massacre. «Les morts dans la zone urbaine sont en effet nombreux alors que les attaques touchent aussi la ville voisine de Tulkarem, y compris ses deux camps de réfugiés. À Jénine, la municipalité a fait savoir que trois kilomètres de routes ont disparu, tout comme la route menant à l'hôpital de la ville, dont les infrastructures de télécommunications, d'acheminement d'eau, les égouts sont désormais totalement hors d'usage».
Des milliers de personnes déplacées
Dans un long entretien accordé aux médias du Vatican, Joseph Hazboun rappelle que le démantèlement du camp de Jénine a contraint environ 20 000 personnes à venir grossir le nombre des réfugiés qui cherchent refuge non seulement dans l'arrière-pays mais aussi dans 17 autres villages du gouvernorat. «Cela est également confirmé par l'Office de secours des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) qui, en raison de l'interdiction imposée par Israël et de la fermeture de son bureau à Jérusalem-Est, a dû interrompre ses activités d'aide dans toute la Cisjordanie», explique-t-il. Avec des dégâts incalculables.
Le fil rouge de l'histoire
Des morts, des déplacés, de la douleur et du sang. Une symphonie tragique qui n'est pas nouvelle pour ceux qui connaissent l'histoire et savent bien qu'il existe un fil rouge qui relie le passé, le présent et l'avenir: «Il ne faut pas oublier que les opérations dans le camp de réfugiés de Jénine ont commencé après la deuxième Intifada, qui a éclaté en 2000 à la suite d'une visite à la mosquée Al-Aqsa du chef du Likoud de l'époque, Ariel Sharon, accompagné de son équipe de sécurité et de quelques officiers de police. En 2002, les forces israéliennes ont assiégé le camp et tué des centaines de Palestiniens, détruisant maisons et infrastructures. C'est pourquoi, depuis lors, le camp est devenu un bastion de la résistance. Depuis le 7 octobre 2024, la résistance s'est intensifiée afin d'apporter un soutien accru à Gaza».
Alarme pour les chrétiens
Les chrétiens de Jénine et des villages environnants sont très peu nombreux, environ un millier. La plupart d'entre eux vivent à Zababdeh. Là, le maire est chrétien, le Patriarcat latin de Jérusalem possède un couvent et une école, et les Églises melkite et orthodoxe sont également présentes. Joseph Hazboun pousse un rare soupir de soulagement. «À Zababdeh, la situation est meilleure qu'à Jénine, même si les raids israéliens et les incursions visant à capturer les ¡°Palestiniens recherchés¡± ne manquent pas. Dans l'ensemble, la communauté chrétienne de Palestine reste bien ancrée dans ses villes et villages, priant pour la fin des hostilités. Quant au blocus et aux restrictions de circulation, ils souffrent comme leurs voisins musulmans».
Des voyages compliqués
La situation pour l'ensemble de la Palestine empire. Le parcours quotidien d'une religieuse de la congrégation de Saint-Joseph en témoigne. Elle part chaque matin de Bethléem pour se rendre à Ramallah, où elle travaille dans une école d'infirmières. Normalement, la seule route reliant les deux villes palestiniennes prendrait environ une heure, compte tenu des points de contrôle israéliens. Mais ce n'est plus le cas. Aux postes de contrôle, la religieuse est retenue en moyenne trois à quatre heures. «Bethléem, Beit Sahour et Beit Jala, ont été entourées de portes en fer supplémentaires qui rendent les déplacements à l'intérieur et à l'extérieur du gouvernorat longs et fatigants. Jéricho, le seul couloir permettant de se rendre à l'étranger en passant par la Jordanie, a été bloqué par les Israéliens, qui ont également annulé tous les permis des Palestiniens travaillant en Israël». Parmi eux, il y a aussi des milliers de chrétiens qui, depuis 15 mois, ne savent plus comment nourrir leur famille. Le risque est que, tôt ou tard, ils choisissent d'émigrer en masse. Et ne reviendront jamais, redoute Joseph Hazboun.
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