Mgr Mirkis salue la proximit¨¦ du Pape pour les chr¨¦tiens d'Irak
La deuxième étape du voyage du Pape en Irak, après l'accueil officiel au Palais présidentiel, a été consacrée à la communauté chrétienne locale. L'évêque de Rome s'est rendu à la cathédrale syriaque-catholique de Bagdad, ciblée par un attentat le 31 octobre 2010. Quelques instants après cette rencontre du Pape avec les évêques, prêtres, consacrés, séminaristes et catéchistes d'Irak, Hélène Destombes a recueilli la réaction de Mgr Yousif Thomas Mirkis, archevêque chaldéen de Kirkouk, au nord du pays.
«Le Pape s¡¯est penché sur une Église martyre, et les gens ont été très touchés de voir que le Pape a eu des paroles de proximités. Lui qui vient de si loin, il a été si proche, il est vraiment un vrai père pour un peuple qui n¡¯a pas pu sortir depuis 11 ans du marasme de ce fanatisme qui s¡¯est développé. Il y a 11 ans, il y a eu 48 morts dans cette église dont deux prêtres, et beaucoup de blessés. Et quatre ans après, il y a 120 000 personnes qui ont quitté la Plaine de Ninive et les 13 villes et villages chrétiens pour se réfugier ailleurs. Donc il y a une histoire très blessée, très difficile à assumer.
Et il fallait vraiment quelqu¡¯un comme le Pape François pour oser¡ parce que souvent, devant la souffrance, on n¡¯ose pas. Et ça c¡¯est le phénomène du Vendredi Saint : les apôtres et les premiers disciples du Christ ils ont osé prendre la souffrance du Christ du côté salutaire. Et ça c¡¯est notre spécificité chrétienne.
Et je voyais cette cathédrale que je connais bien, parce que j¡¯ai vécu à Bagdad pendant 30 ans, avant d¡¯aller à Kirkouk comme archevêque, et j¡¯avais vraiment la larme aux yeux en me rappelant qu¡¯après cette attaque on hésitait¡ Que faire de cette cathédrale ? Faut-il laisser les stigmates ? Faut-il la garder telle quelle ? Et ça c¡¯est un dilemme très profond parmi les peuples qui ont souffert.
Et si la communauté chrétienne est amoindrie des deux tiers, ceux qui restent ici ont vu aujourd¡¯hui que la souffrance n¡¯est pas seulement une nostalgie, mais qu¡¯il fallait autre chose.
Mgr Mirkis, quel est selon vous le sens de ce voyage historique du Pape François ? Qu¡¯attendez-vous de ce déplacement ?
Beaucoup de choses, car c¡¯est la première fois qu¡¯un Pape vient dans cette Église qui est assez méconnue en Occident, une Église qui a vécu dès le début une conversion, un christianisme très ancré.
Je suis archevêque de Kirkouk, mon premier prédécesseur a vécu à Kirkouk en l¡¯an 117! Et donc je sens sur mes épaules un poids assez lourd de cette Église qui remonte si loin. Et je crois que le monde a intérêt à nous regarder autrement et à voir comment nous avons vécu toute cette époque de souffrances, de persécutions, de calamités. Je crois que ce que nous attendons c¡¯est un changement de regard et puis que nous puissions être admis parmi les nations, parmi les communautés chrétiennes du monde entier, à notre juste place. Ne nous oubliez pas!»
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